27-28 oct. 2015 Accra (Ghana)

Appel à contributions

Le colloque intitulé Lumières : liberté et colonialisme, qui se tiendra les 27 et 28 octobre 2015 à la Maison Française de l'Université du Ghana (University of Ghana, Dept. Of French), vise à réunir des chercheurs en lettres modernes, des historiens, des historiens des idées et des philosophes, spécialistes de la période des Lumières, autour des questions de la liberté et du colonialisme. Le colloque consistera en une série de conférences et de sessions thématiques, portant sur « Diderot et la colonisation », « Le singulier Rousseau », « Les lumières et la liberté » et « Les lumières aujourd'hui ».

Dates : 27 et 28 octobre 2015

Lieu : Maison Française de l’Université du Ghana, Université du Ghana, Legon, Accra, GHANA

INSCRIPTION : pour soumettre une contribution (un résumé en français de 250 mots max.), veuillez vous inscrire (lien "inscription" dans la colonne de gauche du site), puis remplir les formulaires.

La date limite de dépôt des résumés est le 6 septembre 2015. Aucune contribution ne pourra être acceptée après cette date. 

Organisateurs :

Dr. Koffi Agbefle (Department of French, University of Ghana), Dr. Etienne Aucouturier (Head of Maison Française (University of Ghana), Dr. Charles Vincent (Paris), Dr. Robert Yennah (Department of French, the Head, University of Ghana)

 

Institutions partenaires

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Lumières : liberté et colonialisme

Le siècle des Lumières a vu se poursuivre et s'intensifier une vaste lutte idéologique autour de la notion de liberté, que ce soit dans le domaine métaphysique (le fatalisme, la tolérance religieuse), le domaine politique et moral (la liberté d'expression, la citoyenneté, la sexualité) ou encore dans le domaine artistique (la remise en cause des règles de l'art classique, la liberté du génie). La liberté a pu être déniée dans certains domaines tandis qu'elle était affirmée dans d'autres par les mêmes auteurs dans des sens tout à fait contradictoires. Ainsi par exemple Voltaire combat le fatalisme matérialiste en même temps qu'il soutient le coup de force du gouvernement Maupeou contre les parlements, et défend les règles et la langue classiques, d'Holbach soutient que nos actions sont déterminées mais prône la liberté politique. Loin d'être une notion monolithique, la liberté devient ainsi au contraire au dix-huitième siècle le terrain de tensions terminologiques, philosophiques et artistiques très révélatrices des passions et des impensés du siècle que nous voudrions étudier dans le présent colloque.

Les révolutions américaines et françaises ont fait de la notion de liberté l'un des étendards des multiples revendications qui les animaient, reprenant, amplifiant et dépassant cet idéal de la philosophie des Lumières. « Imposez-moi silence sur la religion et le gouvernement, écrivait le jeune Diderot, et je n'aurai plus rien à dire ». Peu avant sa mort, il répète la même chose dans son essai sur Sénèque (1778). Cependant, le régime de la censure, complexe et auquel participe activement la République des Lettres, persiste jusqu'à la fin du siècle, invitant en permanence les écrivains à un dire oblique, à l'utilisation de fictions exotiques (Les Lettres Persanes, les Bijoux indiscrets), pour rompre la loi du silence voulue par l'Eglise et la monarchie. La littérature devient ainsi le lieu d'une parole à la fois libre et ambiguë, tantôt distanciée, ludique et transgressive, et tantôt engagée selon des modalités multiples. Le colloque vise à explorer la manière dont la littérature, au sens large du terme, sert de refuge et de lieu d'inventivité d'une liberté nouvelle.

A cette liberté rêvée ou combattue s'est opposé férocement pendant tout le siècle l'esclavage, qui soutenait la colonisation féroce et lucrative par l'Europe d’une vaste partie du monde. Or la notion d'esclavage est devenue au cours du siècle, sous la plume de Rousseau et d'autres, un terme très général stigmatisant les chaînes que tous les tyrans du monde voulaient imposer à leur semblables. De l'esclavage réel à son pendant métaphorique, de la libération souhaitée des colonies à la justification de la traite ou de la domination européenne, nous voudrions explorer les écrits qui mettent en scène la privation de la liberté physique et civique, développent des arguments aussi bien que des récits pathétiques, ironiques, polémiques.

Enfin, le siècle des Lumières étant régulièrement partie prenante des débats d'actualité tournant autour de la liberté, la tolérance et la colonisation, il semble important de réfléchir à la manière dont les contemporains de Voltaire continuent de dialoguer avec notre présent. Tantôt encensés pour avoir préfiguré la déclaration des droits de l'Homme, les hommes des Lumières sont aussi souvent taxés d'avoir été sur la question de la colonisation et de l'esclavage des philosophes de cabinet, utilisant la souffrance ou l'étrangeté du reste du monde pour discuter de problèmes sociaux et politiques internes à leur société. Il s'agira alors de réfléchir au paradoxe d'idéaux universels reconduisant les valeurs et la domination d'une sphère culturelle particulière.

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